BILAN 2023 DU LABFAB éTENDU
LabFab étendu

Comme tous les ans, ce bilan a pour objet de présenter les actions du LabFab étendu, coordonné par le Service Numérique de Rennes Métropole, leurs avancées et perspectives, à fin Décembre 2023. Ce bilan est proposé le Service Numérique de Rennes Métropole.

La coordination des LabFabs et leur développement sur le territoire :

Le LabFab est une démarche écosystémique est portée depuis 2012 par Rennes Métropole avec des acteurs sur le territoire rennais : associations, université et établissements d’enseignement supérieur, entreprises, … Le LabFab étendu de Rennes Métropole est ainsi composé de 23 lieux portés par ces acteurs, partenaires du territoire. Rennes Métropole porte sa coordination, afin de se transformer collectivement d’un territoire de projets à un projet de territoire.

Rennes Métropole via le Service Numérique apporte un rôle de facilitateur dans la coordination conformément à une délibération votée en 2017.

Le Service Numérique anime les réunions mensuelles de coordination des différents espaces de fabrication numérique sur le territoire (et même au-delà). Ceux–ci ont signé la charte du LabFab et font donc parti d’un collectif. La charte est peu contraignante, car elle demande principalement d’ouvrir à un large public les espaces FabLab avec un animateur pendant au moins 4 heures par semaine. La marque LabFab est également portée depuis 2017 par une association du même nom. Rennes Métropole n’est pas dans la gouvernance de cette association. L’AG a eu lieu le 26 janvier 2023 et le Bureau est composé de membres actifs : Designeurs et designeuses, FabManagers et FabManageuses, Directeurs et Directrices d’association, …

Ces rendez-vous du LabFab étendu ont été animés chaque mois. Cette coordination a permis de faire émerger des sujets et des problématiques pour les LabFabs, qui ont pu se résoudre par de la coopération entre les lieux (prêt de matériel, animation d’ateliers en commun, problématique de ressources humaines ou techniques, documentation co-écrite, …). Ces réunions mensuelles sont aussi un socle pour développer les projets transversaux du LabFab : groupes de travail, badges de compétence numérique, ateliers autour de la métrologie citoyennes (mesures de la participation des citoyens et de leur capacité à produire des « communs » utiles au territoire), montage d’événements, … par des appels à participation, la communication des dates, ou encore le partage des travaux.

En 2023, de nouvelles structures du territoire ont engagé la démarche de rejoindre le LabFab (l’école LISAA, le Cercle Paul Bert, les Petits Débrouillards), ou des nouvelles personnes animant des lieux du réseau (Célia Guy, FabManageuse de l’EESAB depuis fin 2022, Lydie Pierret, responsable de l’EduLab Pasteur depuis Avril 2023, Briac Virey depuis Septembre 2023). Le LabFab n’est donc pas figé, et se renouvelle avec des structures et des personnes grâce notamment aux interactions provoquées par le Service Numérique sur le territoire.

Cette démarche territoriale permet aux FabManagers « d’aller vers » les autres lieux du LabFab : ces rencontres et ces changements d’environnement contribuent fortement à un apprentissage collectif.

En complément de ces rencontres, des temps d’accompagnements dans les LabFabs ont permis de développer les approches et les pratiques (animation d’ateliers, accompagnement à l’ingénierie d’animation ou des modèles économiques, …). Car, le dénominateur commun entre ces différents participants au LabFab est l’envie de partager des connaissances, savoir-faire, et aussi de se retrouver entre « faiseurs ». L’image du LabFab pour les Geeks est donc totalement fausse !

Le LabFab est ainsi rythmé par des événements collectifs tout au long de l’année : MaisonMix, en Juin dernier, Réparer Parcours Sup en Novembre ou encore le marathon créatif POCL en Décembre :  les différents LabFabs y ont apporté leur contribution dans l’organisation et dans l’animation. Ceux-ci sont évoqués plus loin dans cette note.

Suivant les sujets et projets, certains LabFabs viennent se positionner en leader. C’est le cas pour l’association BUG qui a copiloté les événements « MaisonMix » ou « Réparer Parcours Sup ». Tandis que l’éduLab Rennes 2 a porté le marathon créatif POCL#3 (Petit Objet Connecté et Ludique).

Pour Rennes Métropole, le coût engendré par le LabFab est finalement assez marginal car l’ensemble apporte de la valeur à tous : compétences diverses et pointues, machines, événements, notoriété, contacts extérieurs, … Surtout, le soutien financier attribué à l’association Bug pour le montage de ces événements permets de faire levier dans le financement, par une recherche complémentaire de soutiens.

Paradoxe : bien qu’envié par beaucoup de territoires, et mis en avant dans la stratégie numérique responsable du territoire, ce potentiel est assez peu utilisé par Rennes Métropole probablement en raison de la différence culturelle et méconnaissance de ce monde de la fabrication numérique (Makers, Design, Prototypage, …) encore perçus comme des « gentils bricoleurs ». Une hybridation entre les « cols blancs » et les « cols bleus » serait pourtant bien venue. La raréfaction des ressources doit engager des démarches frugales en ce sens et un changement des approches. Des perches ont été lancées avec des services de la collectivité sur le prototypage et la création de capteurs « à faire soi-même » Do It Yourself ou encore avec les « Ateliers Vélos » dans cet esprit FabLab et dans le cadre du Défi Écologique mobilisant les agents de Rennes Métropole. Ce paradoxe, du passage à l’échelle du prototypage des politiques ou des projets publics est aussi constaté sur d’autres territoires, notamment Grenoble, pourtant reconnu comme très actif dans les dispositifs de participation citoyenne[1].

Les acteurs économiques s’y intéressent (d’où les « sponsors » du LabFab) grâce à l’intensité d’échanges sur notre territoire qui permet plus facilement de mettre en relation des mondes hétérogènes, et aussi le secteur social s’y était déjà mis en raison du faible coût à l’entrée et de la valorisation des compétences par la pratique. Il y a vraiment une piste à tracer au sein de Rennes Métropole (et des communes) pour mieux utiliser les potentiels des FabLabs, lever les freins, sans tomber dans un prétexte ou une mode (“Do It Yourself Washing”). Pour cela, le Service Numérique aurait eu besoin en relai du « sponsor » de sa hiérarchie convaincue par la trajectoire (Sobriété, LowTech, ré-mini-industrialisation locale, économie des connaissances, …) et prêt à prendre des risques à court terme dans un projet d’ampleur comme par exemple une opération d’aménagement ou avec un quartier.

Groupe de travail Badges de Compétences :

Parmi les thématiques qui ressortent cette année, il y a les badges numériques de compétences.  Le but de la coordination apportée par le Service Numérique depuis 2022 est de créer des badges communs aux acteurs du LabFab. Par exemple, c’est un prétexte assez efficace pour susciter un engouement sur les économies circulaires de matières des LabFabs. Ces travaux ont permis de co-construire une matrice de badges de compétences numériques avec différents LabFabs, ainsi que des badges transversaux entre les LabFabs : 15 familles de badges allant de l’impression 3D à la brodeuse numérique ou encore à la documentation, sur 3 niveaux (découverte, fabrication en autonomie, maîtrise et partage).

Exemple :

Badge de compétence :Dessin vectoriel
Niveau 1 : Découverte et prise en main– Connaitre la différence entre matriciel et vectoriel.
– Pouvoir ouvrir et naviguer dans un dessin vectoriel à l’aide d’un logiciel adapté.
– Pouvoir citer au moins 2 logiciels vectoriel.
– Manipuler des formes simples en appliquant des modifications de dessin simple comme le remplissage des fonds et des contours pour créer un dessin.
Niveau 2 : Fabrication et expérimentation en autonomie– Connaitre les principaux outils du dessin vectoriel (addition de formes, courbes de bézier …) – Créer ou modifier un dessin vectoriel en utilisant l’addition ou la soustraction de formes. – Être capable de reproduire des formes et opérations nécessaires à la réalisation d’un dessin vectoriel (dessin, illustration, logo…)
Niveau 3 : Maîtrise et partage– Concevoir un objet vectoriel complexe en autonomie (assemblage, imbrication des éléments, …) – Rendre compte dans son design, de la finalité de son dessin vectoriel (pour de la découpe laser, pour une CNC, un robot à dessiner …). – Décrire et expliquer à d’autres personnes le processus de modélisation, les différents logiciels, les logiques de conception
Exemple d’une classe de badge

Cet exemple doit concrètement voir sa mise en œuvre auprès de publics scolaires : Le dessin vectoriel étant une compétence qu’il est souhaitable d’acquérir à l’école élémentaire mais l’éducation nationale avec son fonctionnement n’a globalement pas l’agilité pour l’inscrire dans ses programmes et mettre en œuvre. Au-delà de cet exemple sur le dessin vectoriel, c’est bien les techniques d’apprentissage collectif et de design qu’il convient d’infuser par la pratique plus massivement

Ces badges sont actuellement en finalisation, pour une publication à la fin d’année 2023 / début 2024.

Ce modèle plait à la Région Bretagne qui, après avoir auditionné le Service Numérique, se saisit de l’opportunité de fédérer autour des badges des acteurs historiques de la formation pour leur ouvrir d’autres espaces d’action, et particulièrement auprès des publics plus éloignés de l’emploi (à l’image du dispositif « Badgeons la Normandie »). Trois rencontres des acteurs ont été organisées en 2023 par la Région Bretagne pour fédérer une communauté autour des badges de compétences avec une trentaine de participants (Région et organismes de formation). Encore en construction, il est à espérer que cette démarche permette fédérer une démarche ouverte avec des acteurs très divers mais complémentaires : acteurs universitaires, acteurs de la filière économique EdTech1, acteurs de l’insertion …

Il est à noter que le Service Numérique est déjà en capacité d’émettre des badges de compétence. Par exemple, la participation à un événement (comme MaisonMix) permet d’obtenir un badge, idem pour les membres du CCNR ou les participants aux parcours Ambassad’Ondes. Des pistes ont été envisagées avec des Services ou des Directions (DSN, Direction Déchet, dans le cadre de la mobilisation d’habitants dans le compostage …) mais elles restent à développer et encore d’autres sont certainement à exploiter pour les agents de Rennes Métropole.

Les événements du LabFab – MaisonMix :

Cet évènement est une co-construction par l’association Bug, le LabFab étendu et Rennes Métropole.  Le montage d’un ReMix est une compétence forte du Service Numérique. MaisonMix s’est déroulé le 12 et 13 Juin 2023. La préparation a commencé dès janvier 2023 avec un Comité de pilotage qui s’est réuni de manière hebdomadaire à partir d’avril. Une soixante de participants (coachs inclus), ont contribué activement à cette troisième itération de MaisonMix (après 2015 et 2016). La thématique choisie en 2023 consistait à concevoir et prototyper des solutions autour de l’adaptation des habitations aux fortes chaleurs estivales, et ainsi concevoir des dispositifs permettant de rafraîchir les logements. Il s’agit d’un « MaisonMix spécial canicule« 

Un travail de sourcing sur les compétences a permis d’identifier des ressources sur les matériaux comme la terre crue ou la gestion de l’eau ou encore la végétalisation.

Plus de 80% des participants n’avait jamais participé à un ReMix (terme générique pour MaisonMix, MetroMix, DataMix, …) et donc cela permettait partager la méthode et des nouvelles connaissances et idées.

Le Premier jour, à la Maison des Associations, 5 projets ont émergé des processus d’idéations, et ont été prototypés le lendemain à Comme Un Etabli. Ces projets sont documentés en licence libre sur le Wiki-Rennes[2] :

  • Antre’ou verte sur la végétalisation des balcons, accompagné par Océane Boutry – Vert le Jardin ;
  • Glaz sur la récupération des eaux grises, accompagné par Bérengère Amiot – Designer ;
  • Perles de terre – usage de la terre crue, accompagné par Aymeric Georget – Designer ;
  • Mettons les voiles (confection et l’usage de toiles d’ombrage, accompagné par Camille Cramers)
  • Rennesb’eau (récupération des eaux de pluie, accompagné par Thibault Ayache – FabLab Manager).
Première journée de MaisonMix à la Maison des Associations
Seconde journée de MaisonMix à Comme un Etabli

Documentés en licence libre, ces projets ont vocation à être développés, itérés et reproduits dans les LabFabs. Des présentations ont été réalisés à l’été 2023 dans les LabFabs afin d’entretenir la dynamique, en répliquant les projets, les améliorants, …

Des acteurs économiques ont déjà pris (ou repris) contacts avec le LabFab intéressés par cette démarche et par les projets pour les accompagner (Leroy Merlin par exemple).

Hackathon ParcourSup :

Ce marathon créatif a eu lieu du 19 au 21 octobre co-organisé par l’association BUG, le LabFab et le Service Numérique avec la participation active de plusieurs organismes directement concernés par ParcourSup.

Avec l’appui d’un expert, Hubert Guillaud (ex Internet Actu) qui a pu analyser le contenu de l’algorithme et en faire une présentation, la trentaine de participants accompagnés par une dizaine de coachs a pu formuler des propositions pour rendre plus compréhensible et donc accessible cet outil de sélection.

Trois projets ont été proposés, et ils sont documentés sur Wiki-Rennes en licence libre.

https://www.wiki-rennes.fr/Hackathon_:_R%C3%A9parer_Parcoursup%3F

Les trois projets sont différents mais le principal axe pris par les participants a été de renforcer l’accompagnement des lycéens. L’association BUG est chargée de faire se développer ses projets notamment avec son animation dans les quartiers de Rennes et en lien avec le travail effectué par les conseillers numériques.

IAkathon du Poool :

Le Service Numérique a également été sollicité pour apporter son expérience à la construction et à l’animation du Marathon créatif organisé par Le Poool sur les enjeux des IA auto-génératives. Cela a consisté en trois jours de design collectif et participatif à Rennes. Les projets sont également documentés en licence libre sur : https://www.wiki-rennes.fr/IAckathon

Plus de 80 participants au total (entre les équipes, les coachs, les experts, les sponsors) se sont livrés à cet exercice prospectif. Le partage des réflexions, notamment sur la transformation des métiers, a permis à chacun de monter en compétence.

Le Poool a décidé d’en faire son événement phare pour célébrer les 10 ans du label FrenchTech, et de s’accompagner du Service Numérique pour l’organisation, et notamment le coaching des équipes / projets.

Le jury était composé de 3 personnes et d’une IA.

https://lepoool.tech/pour-les-10-ans-de-la-french-tech-nous-avons-teste-pour-vous-lia-generative-retour-sur-le-hackathon/

Deux équipes se sont particulièrement distinguées à l’issue du challenge : 

  • MédIA Spin, qui est arrivé en tête du classement du jury avec leur projet ayant pour objectif de rendre les articles de journaux accessibles, et vulgariser le contenu pour le rendre compréhensible et attrayant pour les enfants et adolescents.
  • Qif, qui a remporté le prix coup de cœur, avec leur projet qui consiste à redonner de l’intérêt et l’envie d’apprendre aux élèves, via une application innovante capable de générer automatiquement des cartes mentales spécifiques à un sujet demandé par l’élève.

Le IAackathon a permis de voir émerger un collectif d’acteurs économique sur les IA génératives. On peut citer parmis les porteurs outre Le Poool : Ouest France, Crédit Agricole, Rennes School of Business, IMT, et des PME ….

Ils ont avancé depuis le IAackathon. La suite les amène à écrire un début de manifeste dans l’esprit de la charte sur l’innovation vertueuse co-rédigée en 2022, et axé sur 3 principes clés :

  • L’Utilité avant la Technique : Mettre l’accent sur des cas d’utilisation concrets, démontrant l’impact réel de l’IA dans divers secteurs.
  • Partage plutôt que Secret : Encourager une culture de l’ouverture et du partage des connaissances, renforçant ainsi notre communauté.
  • Collaboration et Innovation : Promouvoir la collaboration entre les membres pour stimuler l’innovation et le développement de nouvelles idées.

POCL : Petit Objet Connecté et Ludique


Le Service Numérique a enfin contribué à l’événement POCL : Petit Objet Connecté et Ludique. Après avoir été sollicité, et non retenu, dans le cadre de l’Appel à Projet Numérique Responsable (voir ci-après), le Service Numérique a accompagné la mise en œuvre de l’événement par de la facilitation, de la mise en lien des acteurs, et de la mise à disposition de ressources.

Majoritairement ouvert aux étudiants, cet événement a ainsi permis de rassembler le 14 et 15 Décembre une 50aine de participants et participantes à l’éduLab Rennes 2, d’horizons complémentaires : étudiants en développement, en médiation numérique, en design ou en reprise d’étude. Six projets ont ainsi été imaginés mêlant usage de la donnée ouverte, génération de nouvelles données et mise en valeur par des dispositifs tangibles.

Les capteurs citoyens et le développement vers de nouvelles thématiques :

Depuis le début 2023, une douzaine d’ateliers d’assemblages de capteurs citoyens de la qualité de l’air ont été animés et proposés à différents publics : publics en LabFabs, ou dans des espaces de fabrications en Bretagne (Maker56 à Vannes, Saint Brieuc pour le CD22, KonKarLab à Concarneau, …), Lycéens dans le cadre du programme PTECH à Coëtlogon, pour le Lycée Américain de Rennes, pour l’IUT Carrières sociales de Rennes, pour des agents de Rennes Métropole, ….

Ces ateliers ont permis de faire connaître le LabFab et surtout ses pratiques créatives, et, en rebond, d’accroître la fréquentation de ces derniers (dans le cadre d’animations proposées en interne à la collectivité, avec des visites proposées dans le cadre de la semaine de la sobriété numérique ou du défi écologie).

D’autres formes ont été prototypées et mises en œuvre, au sein du Service Numérique notamment, avec Ambassad’Ondes (voir ci-avant), qui s’appuie sur les méthodes pédagogiques éprouvée au travers des ateliers animés par le LabFab étendu, le Service Numérique ou la Maison de la Consommation et de l’Environnement. Depuis plus de 5 ans, ces ateliers se sont transformés pour s’adapter aux profils de citoyens, et on constate que les données produites sont tout à fait acceptables.

Cette pratique, observée par des chercheurs en sciences sociales[3][4], a amené le LabFab étendu à participer à la conception de nouveaux ateliers sur la métrologie citoyenne : sur l’eau, sur le bruit, … Il s’agit d’aller vers une mise en capacité de citoyens pour apporter de la donnée utile aux territoires. Ces citoyens ne sont pas des experts et pourtant grâce à une animation dédiée, ils doivent pouvoir apporter une contribution et offrir une autre voix ascendante. (par exemple : sur la mesure de la qualité de l’air, les mesures faites par des capteurs construits dans les LabFabs en comparaison avec les données AirBreizh). On ne peut que regretter que le Service Numérique n’est pas été associé à la co-élaboration du TID (Territoires Innovants et Durables) sur la partie concernant les données et capteurs citoyens sur la qualité de l’air. C’est 10 ans d’expériences, des centaines d’ateliers avec des milliers de participants à coproduire des données environnementales qui auraient pu être valorisés. Déjà aujourd’hui, paradoxalement, des collectivités locales associées au projet TID viennent solliciter le Service Numérique …

Là encore, il faut continuer à proposer des actions concrètes comme l’assemblage de capteurs environnementaux pour tous et cela finira par s’infuser vers les cadres de nos institutions. Il faut bien évidemment voir cet atelier comme un prétexte pour mettre en œuvre une démarche collaborative et frugale.

L’autre approche offerte par ces ateliers (…au-delà de l’atelier…) est la mesure (ou métrologie) des compétences numériques nécessaires dans notre société pour agir. Il s’agit des littératies. Il faut voir le numérique comme une opportunité et s’assurer de l’équité des chances pour y accéder. Cela revient à questionner le « droit à disposer du numérique » et envisager les actions requises sur un territoire et par ses acteurs et notamment les collectivités pour garantir ce droit. Cette démarche s’inscrit pleinement dans l’axe 2 : Responsabilité sociale de la Stratégie Numérique Responsable de Rennes Métropole et Ville de Rennes.

Ces observations par la réalisation d’ateliers « capteurs citoyens » permettent d’établir des référentiels de compétences. Ces travaux pourraient, par exemple, servir à définir des étalons de mesure (métrologie) pour évaluer l’intervention des Conseillers Numériques France Services en complément de PORTREA. Il a été proposé à la DSN d’avancer en ce sens. La nouvelle organisation des services en 2024 facilitera sa mise en œuvre.

Par contre le jeu TerraBytes conçu et prototypé en 2022 lors d’un ReMix organisé par le LabFab a déjà rencontré un succès auprès des Conseillers Numérique. Ce jeu met en situation sur nos pratiques du numérique et vient questionner des usages plus responsables. Le format du jeu est plus spontanément accepté par un large public. Il faut donc encore continuer à façonner les outils de mesures pour obtenir des indicateurs sur un spectre plus large. Toutes ces recherches actions sont documentées et en lien avec des chercheurs locaux.

Le volet LowTech est également à surligner. Cela apporte des perspectives face aux menaces qui pèsent fortement en 2023 sur la souveraineté de la France, et de l’Europe quant à la capacité à produire localement des équipements électroniques. Les capteurs citoyens, et plus globalement le LabFab, recherchent un modèle de ré-utilisation des composants. Là encore, cela va dans le sens de la stratégie Numérique Responsable portée par Rennes Métropole. L’échelle de la Région est certainement plus propice à voir émerger des projets, ainsi le Service Numérique a pu favoriser la mise en œuvre d’actions avec le LowTech LabFab de Concarneau, ou encore le FabLab Universitaire de Brest dans le cadre de FabCity.

Pour continuer, en ce sens, un nouvel atelier est actuellement en cours de prototypage sur des marqueurs de la qualité d’eau, en lien avec les Universités de Rennes, ainsi que le CNAM. Actuellement en prototypage, il devra permettre d’apporter un nouvel outil de mesure et de participation citoyenne. Intitulé « Ambassad’Eau » cet atelier proposera aux participants de s’interroger sur la qualité de l’eau, de la préservation de cette ressource commune, et des actions à entreprendre collectivement pour améliorer ce commun, avec une approche systémique (comparable aux Fresques du Climat[5] ou du Numérique).

Participation aux réseaux nationaux :

Le LabFab est singulier car il fédère plus d’une vingtaine d’espaces de fabrication numérique. Aussi, le territoire de Rennes Métropole est observé et sollicité pour partager ses pratiques. Depuis 2022, le LabFab siège au Conseil d’Administration du Réseau Français des FabLabs et est reconnu comme coordinateur régional de ce réseau (en relais auprès des acteurs bretons de la fabrication numérique).

Cette organisation se structure en 2023, avec la participation à la mise en place de la collégialité dans la gouvernance de l’association nationale, et dans les travaux prospectifs de l’association (modèle économique, stratégie de financement, …).

Cette présence dans la gouvernance de l’association nationale permet aussi de faire reconnaitre la dynamique de notre écosystème, par une participation collective aux travaux de l’association (reconnaissance des expertises par les pairs français, comme dans la production de l’ouvrage « Lab Accessible C’est possible en 2023 »[6]) ou encore dans l’accompagnement de l’association nationale auprès de financeurs tiers. Cela a été particulièrement le cas lors de la rencontre des « Acteurs clefs du changement », dispositif de la Fondation de France qui reconnait l’impact de 23 structures dont le RFFLabs. Ainsi, le service numérique a pu participer et contribuer à l’un des séminaires des « acteurs clefs du changement » à Rennes, en proposant des visites et des rencontres lors du séminaire organisé à l’Hôtel Pasteur, permettant de valoriser les activités de l’écosystème rennais, et mettre en perspective les ateliers réflectifs mis en œuvre et animé par la Fondation de France.

Présentation du LabFab de l’EESAB à des « Acteurs clefs du Changement » de la Fondation de France

Dans la continuité de l’hybridation des activités du service, entre infrastructures et usages, des ateliers ont été animé par le service Numérique lors du séminaire annuel de l’AVICCA en Novembre 2023. Un atelier capteur a été proposé aux collectivités, afin d’échanger sur l’Internet des Objets, leur déploiement sur les territoires et leur possible co-construction avec les citoyens, avec le retour d’expérience du LabFab[7]. Un grand succès a été rencontré lors de cet atelier (50 présents alors que l’atelier n’était prévu que pour 20 personnes), témoignant ainsi de l’intérêt de l’expérience de Rennes Métropole.



[1] Sylvain Bouchard – Faire atterrir l’innovation publique ouverte, quelle légitimité de l’innovation ouverte dans la fabrique de services numériques publics ? https://formation-continue.ensci.com/fileadmin/content_uploads/formation_continue/memoires_diplomes/IBD/2023/BOUCHARD_Sylvain/2023_IBD_BOUCHARD_MEMOIRE.pdf

[2] https://www.wiki-rennes.fr/MaisonMix_2023

[3] https://shs.hal.science/halshs-03244102v1/file/Metrologies%20citoyennes%20Lette%20et%20al%202021.pdf

[4] https://www.techniques-ingenieur.fr/base-documentaire/innovation-th10/sciences-techniques-et-societe-42697210/metrologies-citoyennes-et-sciences-de-l-ingenieur-l-hybridation-des-litteraties-ag121/

[5] https://fresqueduclimat.org/

[6] https://cloud.rfflabs.fr/index.php/s/txynj7Lbsxo8xLA

[7] https://labfab.fr/blog/capteurs-d-air-a-l-institut-pasteur